DES ORIGINES DU MOT
 « HAINAUT ».

On entend souvent dire que c’est la rivière de la HAINE qui aurait donné son nom au Comté, à la Province, au Pays du HAINAUT.

L’érudit Valenciennois, Historien et Ecrivain bien connu, Monsieur MABILLE de PONCHEVILLE donne une explication toute différente. Il convient de la citer.

En 58 avant J-C, date de la première campagne de CESAR en Gaule, le pays compris entre la mer Méditerranée et la mer du Nord formait deux divisions distinctes : la province de Narbonnaise, appelée par les Romains, Gaule à Braies (Gallia Brégata) et la Gaule proprement dite ou Gaule chevelue (Gallia Comata).

La Gaule chevelue s’étendait du Nord des Cévennes et du Rhône, entre l’Océan et le Rhin, qui avec ses forêts profondes, peuplées de bandes de loups, d’ours, d’aurochs, d’élans, avec ses marais infranchissables, ses vastes espaces, son climat âpre et dur, était un objet d’effroi pour les Romains.

De cette végétation exubérante, énorme masse boisée (la silva forestis), descend l’Escaut qui est un don de cette nature primaire ayant évoluée librement.

Mais deux morceaux de rouvre frottés l’un contre l’autre ont engendrés ce dieu nouveau, le feu fertile en prodiges. Avec le feu sont nés les foyers et bientôt la cité; l’assemblée des cabanes rondes exhale maintenant des fumées bleues dans une clairière défendue par une levée de terre où s’enfoncent des troncs grossièrement équarris.

L’homme a trié les graines apportées par le vent, et reconnu que certaines sont meilleures que d’autres; ensemençant des espaces défrichés, il récolte le froment, l’orge et l’avoine. La forêt, sa mère a cessé d’être tout pour ce fils ingrat quui réduit, hache en main, son royaume. Elle prend le nom de Charbonnière parce qu’on y voit se consumer lentement les meules d’où le charbon de bois émigre à travers la Gaule sur les chariots à roues pleines, et cependant on ignore qu’ellerecèle dans son sein un autre charbon produit par des débris de la végétation qu’ont accumulés les périodes millénaires.

Indulgente à l’homme en dépit de ses injures répétées, la forêt lui accorde son abri chaque fois qu’il la requiert de le protéger. Si entamée qu’elle ait été - si blessée! - par le fer et par le feu, elle lui demeure jusqu’à nos jours, un refuge assuré. Le pays où nous sommes s’est si bien confondu de tout temps avec elle que les latins l’appelèrent : SALTUS CARBONARIS, et les Germains : HAGUENAU (pays de bois), d’où est venu : HAYNNAU, comme Jacques de Guise au XIVème siècle écrivait ce mot, la Haine, qui relie Mons à Condé d’un ruban liquide, a plutôt reçu son nom du Hainaut qu’elle ne lui a donné.

Aujourd’hui encore, nous nous sentons revivre pour peu qu’il nous soit permis de nous enfoncer sous les frais ombrages de Bonsecours, de Raismes, de Mormal ou de Trélon. En mai, les jacinthes éclosent dans les sous-bois, chaque clochette de muguet porte une perle de rosée en son coeur, le chèvrefeuille embaume les taillis de juin, plante capricieuse et qui se plaît à s’enrouler autour des ronces. Le lapin, traversant d’un trait la route, s’enfonce en hâte sous les fougères. L’écureuil saute de hêtre en hêtre, croquant des faînes et agitant le panache de sa queue. La pie s’envole en tournoyant, mi-partie blanche et noire. Le coucou fait entendre son cri monotone et lointain, deux mois durant. La saison du rossignol, plus délicieuse, est plus brève : quelle folie de chanter après le temps des amours!

GAULOIS ET ROMAINS.

Parmi ceux qui se sont aventurés entre la sambre et l’escaut, césar est le premier à en avoir, parlé, non sans que son récit conserve la trace de la terreur sacrée qui s’empara des légions sur leurs bords.

Dans l’été de 57 avant J-C, L’ambitieux Romain pénètre chez les Nerviens en quittant les Ambient et les Atrebates. Le plus souvent, c’est à travers la forêt qu’il doit avancer, coupant les arbres et les rabattant de chaque côté du chemin ainsi improvisé. On lui a dit de ses nouveaux adversaires « qu’ils ne permettent pas que les marchands étrangers entrent chez eux, qu’ils défendent l’importation du vin et de toute denrée de luxe, parce que l’usage de ces choses amollit le courage, parce qu’ils sont fiers autant que braves, qu’ils murmurent contre les autres Belges en les accusant de s’être livrés lâchement aux Romains, et qu’ils sont décidés à ne point traiter avec lui. ». César sait aussi que ses Nerviens, les plus vaillants des peuples de la Gaule, ont coutume d’ététer et de courber de jeunes arbres, d’entrelacer leurs branches en y mêlant des ronces et des épines. Il a pu s’en rendre compte par lui-même. « ces espèces de haies, semblables à des murs, formaient un retranchement au travers duquel il était non seulement impossible de passer, mais même de voir. ». Aujourd’hui encore les Hennuyers, leurs descendants, appellent HAIE les bois touffus - HAAGEN - des germains qui relient entre eux les débris de la forêt primitive : Haie d’Avesnes où Carnot dut faire pratiquer des trouées à la hache pour les soldats de Wattignies, Haie de Cartignies où la Sambre prend naissance, Haie de Fourmies que longe l’Oise au sortir de sa source.